« Abuelita! Je t’ai dit de pas faire le lit toute seule. » Dans l’encadrement de la porte de la chambre d’ami, Cheyenne disputait sa grand-mère. Aujourd’hui, elles accueillaient Arizona, la meilleure amie de la jeune femme. Lorsqu’Ari avait commencé à lui dire au téléphone qu’elle avait besoin de changé d’air, de voir autre chose, Cheyenne s’était empressé de lui proposer une chambre. Sa grand-mère avait accepté avec plaisir, mais sa petite fille lui avait fermement interdit de s’occuper des aménagements de la chambre. Si Cheyenne voulait que sa meilleure amie emménage, elle ne voulait pas pour autant donner plus de travail à sa mamie. Cette brave femme se fatiguait bien trop rapidement en ce moment. Rien que monter les escaliers pour atteindre la chambre avait du lui demander beaucoup d’effort. « Je suis une adulte, chica! J’ai le droit de tout faire pour accueillir comme il se doit mon invitée. » Cheyenne poussa un long soupir à se fendre l’âme. Sa grand-mère était une forte tête, elle savait que tenter de lui donner des ordres relevaient plus d’un acte suicidaire que d’autre chose. Cheyenne entra donc dans la chambre. Si elle ne pouvait l’empêcher de travailler, au moins elle l’aiderait. Elle l’aida donc à mettre des draps propres dans le lit. Abuelita était de l’ancienne génération, celle qui savait accueillir. Toute la semaine, pendant que Cheyenne était ailleurs, elle avait astiqué de fond en comble sa maison -et plus particulièrement la chambre d’ami- la voulant étincelante pour l’arrivée de l’amie de sa petite-fille. Elle avait laissé les draps pour la dernière minute, pour qu’il sente bon le propre lorsqu’Arizona s’y glisserait. Une fois la chambre prête, Cheyenne l’aida à descendre les escaliers. Elle jeta un coup d’œil à l’horloge mural. « Il va falloir que je parte pour aller à l’aéroport Abuelita. » Elle la regarda droit dans les yeux. « Et tu ne cuisines pas! » « Mais oui, Chica. » Cheyenne eut un sourire. Elle reprit alors. « J’ai prévenu Joaquim, il va venir te surveiller. » Sa grand-mère prit une mine boudeuse. « Je n’ai pas besoin de baby-sitter! » « Voyons, Abuela. Tu sais comme il aime cuisiner. » Même si Cheyenne disait tout ça sur le ton de la plaisanterie, elle avait peur qu’il n’arrive quelque chose à cette femme qu’elle aimait tant. Il fallait l’avouer qu’elle n’avait plus la même force qu’avant. La vieillesse est un grand fléau. Et Cheyenne voulait tout faire pour garder cette force de la nature qu’était sa grand-mère auprès d’elle.

C’est presque sans angoisse que Cheyenne parvint à monter dans sa voiture. Depuis son accident, monter dans un engin sur roue et à moteur était une épreuve en soi. La boule à l’estomac tout le long du chemin. Et c’était encore pire lorsqu’elle prenait le volant. Mais pour le moment la bonne humeur supplantait la peur. Elle avait toujours ce poids au fond de l’estomac mais l’arrivée de sa meilleure amie passait au dessus de cette peur. C’était dire à quel point elle était heureuse de la voir. Elle ne s’était pas vue depuis bien trop longtemps. Elles étaient certes scotchée à leur téléphone, mais ce n’est pas la même chose d’avoir la personne en face de soi. Surtout que là elles allaient vivre ensemble. Cheyenne se sentait presque comme une adolescente avant une soirée pyjama. Elle arrivait tellement à se détendre qu’elle se mit à chantonner la musique que diffusait son autoradio. Une chose rarissime quand elle conduisait, son angoisse étant quasiment permanente. A croire qu’avant même d’être là, Arizona lui faisait du bien. Depuis que Cheyenne avait revu Shannon, elle ressentait le besoin de partager avec des personnes liés à ce passé, comme si elle voulait retrouvé sa vie d’avant son accident. Sans doute une utopie, mais cela lui faisait quand même plaisir. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à la dernière fois qu’elle avait vu Arizona. C’était elle qui l’avait emmené à l’aéroport. Laissés ses parents ses parents le faire auraient signifier des larmes et des sanglots. Elle trouvait avoir passés déjà suffisamment de temps avec Dayan et de toute manière, il avait du travail au garage. C’était donc Ari qui l’avait emmené. Cheyenne n’avait pas pour autant éviter les larmes. Sans doute en auraient-elles encore pour l’instant… Si Arizona venait s’installer à Barcelone, c’était pas pour retrouver sa meilleure amie, mais pour des problèmes bien plus dures. Les deux jeunes femmes avaient des tas de choses à rattraper des bonnes comme des moins bonnes choses. Cheyenne n’avait pas assister à l’enterrement du mari d’Arizona, qu’elle n’avait que très peu connu, mais elle connaissait la douleur que ressentait sa meilleure amie. Elle culpabilisait sans doute un peu d’être si heureuse de la voir revenir, mais elle pensait qu’elle pourrait aider Ari.

Elle était de tellement bonne humeur que même les insultes des conducteurs sur le parking de l’aéroport ne lui prirent pas son sourire. Elle trouva donc une place à force de tourner, puis pénétra dans le bâtiment. Arizona lui avait donner son numéro de vol, elle pu ainsi facilement trouver le hall où devrait arriver sa meilleure amie. Sa main sur la lanière de son sac main poser sur l’épaule. Elle se mit à fixer la grande porte par où devrait entrer les passagers, attendant impatiemment son amie. Lorsque, enfin, une première personne passa la porte, elle se mit à scruter tous les visages, cherchant celui de son ami. Enfin, elle le vit, un grand sourire s’épanouissait sur ses lèvres. Elle leva le bras, lui faisant un grand signe. « Ari! Je suis là! » Quelques enjambées et elles étaient dans les bras l’une de l’autre.

Ils existent certaines amitiés qu’on pourrait croire indestructible. Des liens si forts qui rendraient jaloux ceux qui évoluent autour. D’ailleurs, une personne qui les accompagne se sentira toujours de trop, comme la cinquième roue du carrosse. C’est le genre d’amitié qui ne change pas, peu importe les kilomètres qui les sépare. C’était exactement ce que Cheyenne ressentait. Elle était persuadée que peu importe les années, les deux jeunes femmes vivront toutes les étapes importantes de leurs vies ensembles. Elles savaient qu’elles partageraient toujours tout et n’importe quoi. Durant ses cinq dernières années cette certitude avait été tellement importante pour la jeune espagnole. Si Dayan avait été son infirmier et son garde-fou durant les périodes de crises, Arizona avait été celle qui lui avait permis de penser à son avenir à voir qu’elle avait toujours des amis et que peu importe comment deviendrait sa vie, ils ne l’aimeraient pas moins. Constater une chose pareil était le meilleur remède contre les blessures du cœur. Il ne fallait pas oublier qu’en plus d’un accident de la route, Cheyenne avait du passer au-dessus d’une rupture. Dayan était loin d’être le réconfort dont elle avait besoin. Arizona l’avait été bien davantage. Certes, Cheyenne évitait souvent ce sujet et Arizona le comprenait parfaitement et parlait bien plus facilement d’autre chose. Son frère lui se contentait d’un grognement et d’une insulte à l’égard du New Yorkais. Pas vraiment la réaction que voulait Cheyenne. Les visites de sa meilleure amie était donc une véritable bouffée d’air frais et maintenant qu’elle l’avait de nouveau dans ses bras, elle se rendait compte que cette oxygène lui avait plus manqué qu’elle ne le croyait.

Cheyenne profita de cette étreinte, la première de longues séries avant la fin de la journée, elle le savait. Mais la première restait la première, la plus savoureuse. Elles finirent par se séparer et se regardèrent, comme si elles cherchaient à découvrir ce qui avaient changés depuis tout ce temps. Comme si une grosse différence pouvait apparaitre sur leur visage. « Tu es encore plus belle qu’avant. Je suis heureuse d’être là si tu savais. » Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Cheyenne. « Pas difficile d’être plus belle que le zombie que j’étais en quittant New York. » Certes, elle le disait avec humour, mais c’était tellement vrai. La rééducation la fatiguait constamment, Barcelone lui avait redonné des couleurs au joues et une joie de vivre qu’elle n’avait plus à Barcelone. « Tu es magnifique aussi ma chérie, bien que tu aies vraiment l’air fatigué. » Cheyenne savait qu’elle risquait de retrouver dans le regard de son amie cet air triste et cette immense fatigue. Seulement entre le savoir et le voir, il y avait une différence. Et elle était de taille. Elle se situait dans la douleur qu’elle ressentait dans son cœur. Cheyenne ne supportait pas de savoir ses proches mal. Elle ferait tout son possible pour chasser ça de ses yeux bleus. Barcelone et sa grand-mère l’avait guérie, il n’y avait aucune raison pour que ce soit différent pour Arizona. La ville espagnole avait un charme magique, l’essayer c’était l’adopter. Elle passa un bras autour des épaules de son amie et déposa un baiser sur sa joue. « Moi aussi je suis heureuse que tu sois là! Tu m’as tellement manqué. » Et bien plus encore sans doute. Cheyenne avait de nouveaux amis ici, mais aucun n’avait pris l’importance qu’Ari avait dans sa vie. Et elle doutait que ce soit possible un jour. Arizona c’était Ari! L’unique, l’irremplaçable. La jeune femme ne la remplacerait pour rien au monde. Elle souhaitait à tout le monde d’avoir une amitié aussi forte. « Le vol s’est bien passé? »

Elle remarque enfin la valise rouge de son amie. « Tu n’as pas d’autres bagages? » Voyager si léger était étonnant. Peut-être qu’Arizona avait l’intention de faire venir ses affaires plus tard, le temps de bien s’installer. « Ta chambre est prête à la maison et je pense même que ma grand-mère nous aura déjà préparer un festin de bienvenue bien que lui ai interdit. » Cheyenne avait subitement l’impression de parler beaucoup. Après tout, elles avaient du temps à rattraper et beaucoup de choses à rattraper. Cheyenne mourrait d’envie de lui parler de Shannon, mais elle préférait le faire quand elles seront au calme, rien que toutes les deux.

Il fallait croire que Cheyenne collectionnait les retrouvailles en ce moment. Mais à la différence de celle avec Shannon, ses retrouvailles avec Arizona était voulu et très attendu. Sa meilleure amie lui avait tellement manqué. Quand on est aussi proche de quelqu’un on voudrait pouvoir l’avoir toujours prêt de soi. C’était enfin le cas et Cheyenne ne pouvait qu’en être heureuse. De toute manière ce n’était pas bien dur de se rendre compte qu’elles étaient heureuse de se retrouver au vu du flot de paroles qu’elles laissaient échappé à la minute. Ce n’était pas Cheyenne qui allait se plaindre, ses conversations avec Arizona ont toujours été ses préférés. Quoique celles avec Shannon à l’époque où ils étaient ensemble les égalaient peut-être. Du moins, ses conversations entre femmes les plus attrayantes étaient celles avec sa meilleure amie. Toutes deux avaient toujours pu parler de tout: de la famille, des amis, des problèmes, des joies, des amours et des emmerdes. Et la miss Bratford avait toujours compter sur ses discutions pour tenir la route. Et elle savait que plus que jamais Ari aurait besoin de cette amitié. Comme elle le disait, elle retrouverait sa bonne mine légendaire. Cheyenne était convaincue que Barcelone aurait ce pouvoir sur elle. Sur elle ça n’avait pas raté, pas vrai?

Bras dessus, bras dessous elles prirent la direction du parking pour retrouver la voiture de Cheyenne, avec une seule valise. Cheyenne l’aurait bien porté à la place de sa meilleure amie, mais malheureusement son genou n’aurait sans doute pas supporter le poids. Dans ses moments là, la jeune espagnole se sentait comme une infirme. Même pas capable d’aider son amie à porter une simple valise. Pitoyable. Elle détestait son corps fragile dans ses moments là. Elle expédia ses tristes pensées au fond de son cerveau. Elle voulait profiter de ses retrouvailles et pas passer son temps à ressasser des choses qu’elle ne pouvait, de toute manière, pas changer. Elle se concentra donc sur les paroles d’Arizona qui lui expliquait avoir pris peu d’affaires pour démarrer une nouvelle vie. Cheyenne lui fit un énorme sourire avant de reprendre la parole. « Et puis ça nous fait une excuse pour faire du shopping entre filles. » La miss Stanton n’était pas vraiment le genre de filles superficiels à courir les magasins dés qu’elle en avait le temps. Elle n’aimait même pas se prendre des bains de foules dans les boutiques. Mais c’était le fait de faire quelque chose avec Arizona qui lui plaisait. Et si elle trouvait aussi des trucs jolies qui pourrait plaire à Shannon… Oui, comme n’importe quelle fille, Cheyenne voulait plaire à l’élue de son cœur, qui ne ferait pas ça, hein?

« Ta grand-mère a toujours eu le cœur sur la main. C’est adorable à elle de m’héberger quelques temps. Je lui en suis très reconnaissante. Et à toi aussi, tu sais. Merci de m’avoir proposé de venir ici. Ca me fera du bien, j’en suis sûre. » Cheyenne serra davantage son amie contre elle. « Ne t’en fais pas pour ça. Abuelita est plus qu’heureuse de t’avoir chez elle. Elle adore que sa maison soit animée. Elle se sent bien trop rapidement seule. » L’espagnole n’avait pu que constater ça lorsqu’elle était venu s’installer chez sa grand-mère. L’adorable vieille femme se sentait seule et avait besoin de compagnie. Sans doute pour ça que Joaquim s’occupait d’elle, il s’en était rendu compte. C’est parfois bien triste de vieillir. « Quand à moi, saches que si je t’ai dit de venir ce n’était pas que par bonté d’âme. En réalité, je voulais juste t’avoir pour moi. » Cheyenne lui lança un petit clin d’œil complice. Elle ne voulait pas qu’Arizona la remercie. Elle faisait tout ça parce qu’elle le voulait. Comment pourrait-elle se regarder dans le miroir si elle ne tendait pas la main à sa meilleure amie? Elle ne pourrait tout simplement pas…

« Et toi alors? Quoi de neuf? Je veux tout savoir. » Tournant son regard vers le parking, comme si elle cherchait sa voiture, elle se demanda un instant si son amie n’était pas télépathe. Peut-être connaissait-elle suffisamment son amie pour savoir lorsqu’elle celle-ci cachait quelque chose. Où tout simplement, Cheyenne était trop parano et se faisait des idées. « Il y a bien quelque chose de nouveau, mais j’attendais qu’on soit à la maison pour t’en parler… » Et en fait, elle voulait vraiment attendre. Elle repéra alors enfin sa voiture. Elle ouvrit les portières, laissant sa meilleure amie mijoter dans son jus. Elle pouvait bien la pousser un peu à la curiosité.

Avez déjà ressenti une sorte de manque en vous? Comme si vous n’étiez pas complet, qu’il manquait quelque chose à votre existence. Un petit quelque chose qui fera toute la différence. Cheyenne avait vécue ses dernières années avec ce vide constant en elle. Elle avait mis en cause l’accident, avant de s’en rendre compte que c’était en fait Shannon. Sans lui, elle ne pouvait être totalement elle-même. Comme si durant ses 5 dernières années, elle n’était qu’un fantôme, un reste de ce qui restait d’elle. Retrouver son ancien amour avait remit sa vie en place. Pourtant maintenant qu’Arizona était près d’elle, elle se rendit compte que retrouver Sha’ ne suffisait pas. Il lui fallait aussi sa meilleure amie. Certes, elle ne l’avait jamais totalement perdue puisqu’elles avaient toujours continuer à se parler, mais l’avoir près d’elle était tellement mieux. Cheyenne semblait enfin respirer la joie de vivre. Comme si sa vie s’était vraiment arrêté après l’accident. Pourtant elle avait continué à avancer. Elle avait ouvert son magasin, fait des rencontres. Elle se croyait heureuse. Après tout, sa vie était devenu stable, tranquille. Elle avait toujours des problèmes santés, elle en aurait toute sa vie, mais elle n’avait pas d’autres soucis. Pourtant maintenant qu’elle avait Shannon et Arizona dans sa vie, elle se rendait compte que ce n’était pas vraiment du bonheur qu’elle avait. Elle n’était pas malheureuse, mais c’était tout. Tout en déverrouillant les portières de sa voiture, c’était ce que se disait Cheyenne.

« Tu vas vraiment me faire patienter jusque là? Rien de grave j’espère? » Cheyenne eut un sourire. Elle avait attiré l’attention de sa meilleure amie. Elle ouvrit la portière du côté conducteur et s’y adossa laissant Ari faire le tour et ouvrir la portière du passager avant. « Je te trouve bien curieuse… Mais je te rassure, je n’ai que des bonnes nouvelles à t’annoncer. » Elle entra dans la voiture et s’y installa. Elle boucla sa ceinture et mit le moteur en route. Elle attendit un instant, que son amie fasse de même et sortit du parking. Elle préférait ne pas ouvrir la bouche tant qu’elle ne sortait pas du parking. Prendre le volant était toujours aussi compliqué pour elle. C’était un traumatisme qu’elle n’était pas prête de voir disparaitre. Mais au moins, avec Arizona, elle pouvait rester sereine. Elle savait qu’elle ne lui prendrait pas la tête si elle roulait trop lentement. Ce n’est donc qu’une fois sortit de parking de l’aéroport qu’elle annonça donc ce qu’elle cachait à sa meilleure amie. « J’ai vu quelqu’un, que je n’aurais jamais pensé revoir et surtout pas en étant heureuse. » La dernière fois que Cheyenne avait parlé de Shannon à Arizona, ce n’était pas avec le sourire aux lèvres.

Flash-back

« Je vais allez vivre chez ma grand-mère, à Barcelone. » Cheyenne et Arizona étaient installés dans le canapé de Dayan. La jeune espagnole venait de prendre une décision. Elle ne voulait pas passé sa vie dans l’appartement de son frère et le changement d’air devenait plus que nécessaire. « Vraiment? Je comprends ta décision, mais on se verras plus autant et… » Ari marqua une pause, comme si elle avait peur de dire le prénom qui lui brulait les lèvres. « Et Shannon? C’est vraiment fini? » Le visage de Cheyenne s’assombrit davantage. « Réellement, je préfères ne même y penser. Il a disparut de ma vie, autant continuer avancer… » Depuis, les deux jeunes femmes ne prononcèrent plus le nom de l’homme qui avait fait tant battre le cœur de l’espagnole, comme si ce nom était devenue interdit.

Fin du flash-back

« J’ai croisé Shannon… » Cheyenne avait prononcé sa phrase dans un souffle. Il y avait bien plus à raconter sur cette rencontre, mais elle laissait déjà le temps à son amie d’accepter cette idée. Surtout de chercher à comprendre pourquoi son amie était heureuse de revoir un homme qui l’avait fait tant souffrir?

Cheyenne était principalement heureuse de pouvoir de nouveau tout partager avec Arizona. Certes, elles étaient resté en contact, mais ce n’était pas la même chose. Elle ne pouvait pas lui raconter les choses sur le tas, où lui montrer le fameux restaurant dont elle lui avait parler quelques temps avant. Quand elle ne se sentait pas bien ou était particulièrement déprimé, elle l’appelait toujours sur le coup. Mais certaines des choses qu’elle voulait lui raconter attendait parfois quelques jours, alors qu’avant, quand elles étaient à l’université, il ne se passait pas plus d’une journée sans qu’elles se voient. A croire que la vie de Cheyenne redevenait un peu plus normal. Elle retrouvait Shannon, se remettait avec et retrouvait sa meilleure amie. Comme si les choses redevenait normal. Même conduire lui semblait moins épouvantable que d’habitude. Elle avait même le sourire aux lèvres. Bon c’était sans doute l’effet Ari, combiné à l’effet que lui faisait Shannon. La vie pouvait être belle parfois. En tout cas plus que depuis cinq ans.

« Shannon? Ici? A Barcelone? » Arizona était tout aussi surprise qu’elle l’avait été au début. Après tout, elle n’aurait jamais pensé que Sha’ quitte New York. Il avait toujours semblé aimé sa ville. Cheyenne, elle, avait toujours parler encore et encore de son amour pour la ville espagnole. Elle avait souvent du passablement énervé ses proches avec d’ailleurs. Elle avait aimé vivre à New York, c’est sûr, mais Barcelone avait ce petit plus qui faisait que peu importe où elle était dans la ville, elle se sentait chez elle. Sans doute pour ça qu’après son accident, c’était le meilleur choix pour se reconstruire. Et ça avait marché. Elle savait pertinemment qu’un jour son grand-père ou son père allait l’appeler pour qu’elle revienne s’occuper de l’entreprise familiale, mais pour l’instant, elle profitait de sa boutique et aimait y passer du temps. « Racontes moi tout! Tu as du être surprise! » Cheyenne esquissa un petit sourire. « Et comment! Rien que d’entendre sa voix m’a pratiquement rendu dingue… » Et ce n’était pas peu dire. Elle se souvenait encore de la réaction qu’elle avait eu en entendant ce petit « Malia ». Rien que pour expliquer ce qu’elle avait pu ressentir à ce moment là, elle aurait une tonne de chose à raconter à sa meilleure amie. « Au début, le voir m’a rendu complètement folle. J’étais en colère et complètement perturbée. » C’était le moins que l’on pouvait dire. Elle s’était mis sur la défensive et n’avait voulu rien savoir. « On a eu une discussion très mouvementée. Finalement on découvert que mon frère est gros menteur. » Cheyenne ignorait les appels de son frère pour l’instant. Elle était trop en colère contre lui pour lui parler. Mais où Dayan avait donc la tête?! Comment avait-il pu décider de comment Cheyenne devait vivre sa vie? Elle jeta un œil vers Arizona, qui ne devait pas vraiment comprendre. « Dayan, le soir de mon accident à renvoyer Sha’ en lui disant que je ne voulais plus le voir. Alors qu’à moi il soutenait qu’il n’était jamais venu. » Cheyenne était fière d’elle. Elle avait réussi à dire tout ça très calmement. D’une voix presque neutre. C’était peut-être le signe qu’elle acceptait la situation.

« Il est gonflé quand même! Ces mensonges ont eu des conséquences qui t’ont surement blessée plus que si Shannon avait continué à faire partie de ta vie. » Cela ne faisait aucun doute. Cheyenne était entièrement d’accord avec sa meilleure amie. Elle aurait tellement voulu que Sha’ soit auprès d’elle après son accident. Que Shannon la quitte n’a fait que la détruire moralement alors qu’elle devait être le plus forte possible face aux épreuves qui l’attendaient. Des épreuves qui auraient bien eu besoin du soutien de l’homme qu’elle aimait. C’étais à se demander ce qui avait bien pu traverser l’esprit de Dayan pour priver sa sœur de Shannon. Arizona elle-même était en colère contre lui. « Shannon a du devenir fou quand il a appris ça, non? » Cheyenne lâcha un petit rire. « Ce n’est pas peu dire. Il suffit que je prononce le prénom de mon frère pour qu’il s’énerve. » Et même si l’espagnole avait une dents contre son frère, elle se sentait partagé. Il s’agissait de son frère, son grand frère. Celui qui la défendait à l’école lorsque d’autres enfants étaient méchant avec elle. Celui qui lui achetait une glace, petite, lorsqu’elle se sentait triste. Plus récemment, il était aussi devenu son pilier, son infirmier qui l’avait soutenu à sa sortie d’hôpital. Mais il valait mieux éviter tout allusion à l’aide que lui avait apporté Dayan devant Sha’. Sauf si on voulait voir un pompier prendre feu tellement il est en colère.

« Et sinon, vous avez prévue de vous revoir? La magie opère toujours entre vous? » Cette fois-ci c’est un véritable sourire qui s’est épanouie sur ses lèvres. Si la magie était toujours là? Cheyenne avait l’impression qu’elle ne les avait jamais quitté. Tout se déroulait tellement bien quand elle était avec lui. « On s’est déjà revu depuis. » souffla Cheyenne. Comment retranscrire toutes l’émotion de cette soirée à son amie. Si c’était possible de le faire bien sur. Enclenchant son clignotant, la miss Stanton entreprit de sortir de la voix rapide et d’entrer dans l’ouest de Barcelona, là où elle vivait. « C’était tellement magique cette soirée Ari… » Magique, c’était sans doute le mot qui collait le plus. Pleine de surprise, d’émotions, de larmes, de rires… « J’avais l’impression de retourner à l’époque de l’université. De retrouver notre complicité que j’aimais tellement. » Cheyenne arrivait enfin dans la rue où elle vivait. « Et en même temps, il y avait tellement de chose différente. » Elle s’arrêta là pour l’instant, se concentrant le temps de se garer. Elle aurait pu entrer directement sa voiture dans l’allée du garage, mais Ari aurait peut-être besoin d’aller faire quelques courses. Elle préféra donc garder sa voiture à porter de main. Quitte à la rentrer plus tard. Elle coupa donc enfin le contact. Puis se tourna enfin vers Arizona, le sourire aux lèvres. « Cette soirée c’était tout ce qui m’avait manqué depuis notre séparation et tout ce que j’attendais pendant notre relation. Il m’a parlé de ses amis, a dit qu’il me les présenterait et puis… » C’était la partie la plus riche en émotion de la soirée. Et rien que d’y penser les larmes montaient aux yeux de Cheyenne. Elle attrapa la main de sa meilleure amie. « Oh Ari! Il me l’a dit… Il m’a enfin dit qu’il m’aimait. » S’il y avait bien une personne qui savait à quel point elle les avait entendu ses mots, c’était bien Arizona… Son oreille attentive lorsqu’elle doutait des sentiments de Shannon à l’époque.