et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

Le cadran de l’horloge du salon affichait l’heure où je devais partir travailler. J’appréhendais toujours ce moment-là. Depuis ma sortie de cure de désintoxication à cause de mon problème d’alcoolisme, j’avais cette tension qui naissait quand je me retrouvais nez à nez avec de l’alcool. Je savais que j’avais la force de ne pas sombrer dans ce tumulte. Je le devais pour ma fille mais aussi pour Alejandro. Et pour la mémoire de mon père. Une mort que je n’avais pas supporté et qui m’avait transformée en véritable ivrogne. Je me demandais comment je pouvais retrouver du réconfort auprès d’une bouteille de vodka. J’avais la plus merveilleuse des choses pour me réconforter : ma fille. Je n’avais besoin de rien d’autre. D’habitude, elle venait avec moi quand je me rendais au travail. Elle aimait rester dans mon bureau ou bien partir discuter avec des clients qu’elle connaissait bien pour certains. Je fermais la porte de la maison familiale en soufflant un bon coup. Rien n’arrivera aujourd’hui. Tout se passera très bien comme chaque jour. Le bar que j’avais crée se trouver au cœur même de Barcelone. J’avais réussi à avoir une certaine notoriété et j’étais plutôt fière du résultat. Je n’étais peut-être pas avocate ou médecin comme aurait voulu mon père. Cependant, je gagnais bien ma vie, très bien même et je pouvais offrir à Solàra digne d’une enfant de son âge. Passant par la porte arrière du bar, je filais tout droit vers mon bureau. Mes horaires n’étaient jamais fixes. C’est moi qui décidais de la manière que je voulais travailler et ça me permettait de m’occuper de mon rayon de soleil plus facilement. L’avantage d’être la patronne. Une pile de documents ornée mon bureau. De la paperasse que je devrais faire et dont je détestais parce que ça m’ennuyait autant que l’école m’ennuyait à l’époque. La seule décoration de la pièce était trois photos. Trois photos qui décrivaient ma vie. L’une de ma fille, ma photo préférée d’elle. Une autre qu’on avait pris à la plage, j’étais avec Alejandro et Solàra. Puis la dernière, une photo datant de l’époque du lycée. Moi et Ezra. Je fis basculer le cadre pour la cacher. Je ne savais même pas pourquoi je la gardais. Chaque fois que mes yeux se posaient sur elle, la tristesse remontait en moi et je me demandais comment je pouvais garder la photo d’un homme qui c’était joué de moi. mon premier grand amour et celui dont je n’arrivais pas à faire partir. Trois petits coups sur la porte et une de mes serveuses passa la tête. « Lemon, Alicia a fini son service. On aurait bien besoin d’un peu d’aide au bar.» Je ne voulais pas de vouvoiement dans mon bar et encore moins de trucs de supériorité. Je m’entendais parfaitement bien avec tous mes salariés et je le laissais une certaine liberté dans leurs fonctions. « J’enfile un truc et j’arrive.» Je laissais tomber mon gilet pour enfiler le tee-shirt du bar. Mais aussi un tablier. C’était le seul truc que j’exigeais comme tenue de travail.

Une fois prête, je verrouillais la porte de mon bureau et laissais tomber la clé dans mon tablier. Je commençais à nettoyer quelques verres tout en observant un peu les gens qui étaient présents. Puis je me retournais pour ranger des verres. « Une bière s'il vous plaît ! » la voix fut soudaine et comme sortit tout droit d’un rêve. Pourtant, je ne l’oublierais jamais. Un timbre de voix différent des autres. Après notre rupture, certaines fois j’avais l’impression de l’entendre alors que ce n’était pas le cas. C’était peut-être celle d’un autre homme mais au moment où je me retournais avec un verre vide de bière, se fut le choc total. Le verre heurta le sol et éclata en mille morceaux. Je n’en croyais pas mes yeux. Il était là en face de moi. Il avait le culot d’être là. Je n’y croyais pas. J’étais surement dans un mauvais rêve. Je m’approchais du comptoir posant mes deux mains. Je le regardais dans les yeux prenant cet air colérique. « Qu’est-ce que tu fous là ? Je ne te veux pas dans mon bar. Sors de là.» dis-je en montrant la sortie avec ma main. Je n’avais pas envie de le voir et encore moins de lui parler. Il m’avait fait souffrir comme jamais. Il avait explosé mon cœur en un million de petits morceaux et depuis cette sept années parfois, j’avais l’impression qu’il n’était pas réparé.

et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

Ça m’avait détruit, vraiment détruit. Des jours et des jours, il m’avait fallut pour que je sorte d’une espèce de dépression. Mon père n’arrivait pas à savoir ce qu’il devait faire pour que j’aille mieux. il avait tout fait mais ce n’est qu’une chose qui m’avait donné la force de me remettre sur mes deux jambes. Ma fille. Pour elle, j’avais sortit la tête de l’eau et j’avais fait en sorte de sortir de ma douleur. Ça avait été dur cependant, j’y étais arrivé. Mais on ne peut pas dire que j’ai eu des relations sérieuses après ça. Ça ne durait que des semaines au maximum quelques mois. Et chaque fois, je m’éloignais de la personne au moment où je commençais à ressentir quelque chose. Je ne voulais pas avoir le droit à une nouvelle rupture qui blesserait mon cœur. J’étais égoïste quand même. Parce que je ne fais pas attention à leurs sentiments, à ce qu’ils éprouvent pour moi. En quelque sorte, je piétine leurs cœurs comme on me l’a fait. Reproduction du schéma. Tout à fait typique dans la vie de tout être humain. Je devrais me rendre compte de ça et ne pas reproduire ce que j’ai détesté. Moi, qui pensais que j’aurais le droit à une soirée ordinaire. On peut dire que je me mettais le doigt dans l’œil. C’était totalement différent et j’aurais préfère de ne pas vivre cette scène. L’alcool voilà ce qui me venait en tête. Non, je ne devais pas. Je n’avais pas le droit d’y penser, même pas une seconde. Ça ne résoudrait rien du tout. je ne ferais que sombrer à nouveau dans le torrent de la catastrophe et je ferais du mal à mes proches. L’alcool ne résoudrait jamais ce problème, c’est moi seule qui devait affronter ce fait.

« S'il te plaît Lemon laisse-moi m'expliquer sur ma façon d'avoir agis il y a sept ans de cela crois-moi je m'en veux amèrement.» il aurait dû savoir que je ne le prendrais pas très bien. Et il avait de quoi. Comment je pouvais lui pardonner après ce qu’il avait fait. Il n’y avait rien à expliquer, j’avais très bien compris la première fois. Je n’avais pas besoin d’un bis. De réentendre que je n’avais été qu’une conquête de plus, que je n’avais été qu’une passade à ses yeux et rien de plus. il entendait ce qu’il disait. Il avait fallu sept ans pour s’en vouloir et venir me dire ça. « Ecoute ce jour là je t'ai mentis laisse-moi te dire pourquoi, après si tu souhaites toujours me haïr libre à toi... Mais s'il te plaît ?! Je suis revenu ici pour toi, tu peux douter je le conçois tu peux te dire que je vais encore te prendre pour une conne mais je veux juste parler, je te demande rien d'autre.» je laissais tomber ma main le long de mon corps. Je voulais qu’il s’en aille, qu’il déguerpisse. Il ne faisait que raviver de vieux souvenirs à la surface. Des souvenirs que j’essayais d’oublier J’attrapais un autre verre et me mit à le remplir de bière. Puis je la posais brutalement sur le comptoir pour ensuite la faire glisser jusqu’à lui avec un sourire forcé. «Il n’y a rien à dire. Je n’ai pas envie de repenser à ça. Tu te rends compte que tu m’as littéralement brisé le cœur. J’ai mis des années à m’en remettre alors je n’ai pas envie de voir tout ça s’effondrer maintenant. Et pourquoi je croirais un autre mensonge. » dis-je en élevant encore la voix. Les regards étaient braqués sur moi. Et je n’en avais que faire. J’étais dans mon domicile alors si ça dérange les clients, ils n’avaient que partir. Des larmes commencèrent à couler le long de mes joues. Je n’avais aucune envie qu’il me voit ainsi. Ma faiblesse, je la gardais pour moi et rien que pour moi. Je baissais vers les morceaux de verres. Les regroupant en un petit tas pour pouvoir mieux les mettre à la poubelle, je séchais mes larmes du revers de ma main. Je garderais à coup sûr mes yeux rougis. «Aïe ! Enfoiré de verre. » dis-je d’un seul coup après m’avoir couper le doigt avec l’un des morceaux. Etant énervée, je n’avais pas fait attention et je n’avais pas été assez minutieuse pour éviter une coupure. Me redressant, je passais immédiatement mon doigt sous l’eau en serrant les dents pour ne pas avoir mal. Ce n’était qu’une simple petite coupure, rien de bien apportant. Retirant mon doigt de l’eau, je l’enroulais dans un bout de sopalin que je trouvais derrière le comptoir.

et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

Même si j’aurais préféré lui verser sa bière en plein visage, je m’étais montrée délicate en la faisant glisser vers lui. Il ne porta même pas le verre à sa bouche signe que ce n’était qu’une demande afin de me voir. Son billet arriva vers ma main. Je ne le pris même. Je ne voulais pas de son argent. Il pouvait se le garder. Ainsi, il savait où je me trouvais. De toute façon, je n’avais pas pû quitté Barcelone même après notre histoire. J’avais voulu mettre derrière moi la ville de ma souffrance. Seulement, j’étais attaché à beaucoup de choses ici. Ma vie entière se trouvait ici et je voulais que ma fille grandisse dans la ville que j’aimais tant et pas ailleurs. Mes doigts firent glisser le billet jusqu’à lui pour lui montrer que je n’en voulais pas. Il n’avait qu’à le donner à quelqu’un d’autre. je n’avais que faire de ça. Comme j’étais heureuse de savoir que Solàra dormait chez une copine à elle. Je n’aurais pas voulu qu’elle assiste à cette scène et qu’elle comprenne que je lui avais mentit à propos de son père. Parce que oui, je l’avais fait. Depuis qu’elle m’avait posé la question, je lui avais mentit disant qu’il était mort. Je ne voulais pas qu’elle est dans la tête que son père l’est abandonné. Car lui-même ne savait pas qu’elle existait. Au moins, elle n’était pas déçue. Et puis, Alejandro était là pour elle. Elle pouvait compter sur lui et je savais que jamais, il ne la décevrait. «Qu'est-ce que vous avez, occupez-vous donc de vous saouler la tronche bande d'ivrognes ! » Je le regardais sévèrement. Il n’avait pas crié de la sorte sur des personnes dont les trois quarts n’étaient même pas des ivrognes. Je connaissais ces gens, je parlais avec eux, j’étais leur oreille quand ils avaient besoin de parler. «Ecoute je sais que je t'ai fais beaucoup de mal je m'en rends compte maintenant, je vois que j'ai été lâche de te laisser alors que tu aurais pu me suivre... Mais j'ai pensé à toi même si cela te parais inconcevable, nous n'aurions pas eu une vie facile si tu m'avais suivi car je ne pouvais pas enchaîner de boulot avec mes études de médecine... Puis tu avais ta famille ici à Barcelone... Si je suis partis que je t'ai quitté, c'était pour que tu n'es pas de soucis avec ton lycée, j'ai tout fait pour qu'il ne sache pas que c'était toi j'ai juste voulu te protéger... Seulement je me rend compte que j'ai été excessif dans mes choix.» peut-être qu’il s’en rendait compte mais c’était trop tard. Le mal était fait et on ne peut pas revenir en arrière. Non, quand il a fait tout ça, il n’a jamais une seule seconde pensé à moi. Il a été égoïste en croyant que sans lui, j’allais aller mieux. Mais non. C’était pire. Des cauchemars, des larmes et des heures à errer comme un fantôme dans un lycée. Un lycée qui n’avait plus rien d’attirant parce qu’il n’était pas là. Je n’avais plus cette envie d’y aller, de travailler ou encore d’aller aux entrainements. Et chaque fois que je voyais ce nouveau coach, un vieux bonhomme aigris qui ne cessait de nous crier dessus, je rêvais que d’une seule chose qu’il revienne. Un jour, j’en ai eu tellement marre que des gens soupçonnent d’autres filles que j’ai tout avoué dans la cafétéria.

«Tout ce que je voulais, c’était d’être avec toi. Et qu’importe où c’était et comment. Le lycée, ça m’était égale ce qu’il en pense. Tu aurais très bien pû dire que c’était moi, ça n’aurait rien affecté dans mon cœur. Tu as été égoïste, c’est tout. Tu n’as pensé qu’à toi. Tu as fuis comme un lâche en me laissant seule avec ma peine et mon désespoir. On aurait pû trouvé une solution. » Le voyant arriver derrière le bar, je fis quelques pas pour ne pas être près de lui. C’était trop dur de sentir ce parfum, de savoir son corps près du mien. J’avais toujours ses sentiments au fond de moi et rien que de le voir, ça les faisait remonter à la surface en trombe. «Hey ça va?» Je ne lui répondis pas. Trop énervée pour sentir le moindre mot. Il attrapa mon autre main. Et la posa sur son cœur. Je pouvais sentir les battements de son cœur à travers ses vêtements. Des larmes perlaient de ses yeux. Des larmes dont je n’avais vu l’existence. A l’époque, j’aurais pû tombé dans le panneau et tomber immédiatement dans ses bras en trouvant cela romantique. Je n’avais plus seize ans et depuis, j’avais fait du chemin. J’avais appris de mes erreurs. «Tu sens ça il bat pour toi ... J'ai besoin de toi comme le coeur a besoin d'un battement ...» j’enlevais ma main brutalement pour attraper une pelle. Je me baissais et posais les bouts de verre au milieu de la pelle, pour enfin les jeter dans la poubelle. Puis j’avançais vers Ezra en marchant afin qu’il sorte de derrière le bar. «Il bat pour moi, tu rigoles ? Je ne suis plus la gamine de seize ans qui tombait sous le charme de quelques mots doux. » Je laissais une pause. « J’ai l’impression que tu comprends pas vraiment ce que j’ai vécu. Tu savais exactement où j’étais, si tu tenais tellement à moi pourquoi avoir attendu sept longues années. »

et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

Personne ne partageait ma vie. La première raison était que je n’étais pas retombée amoureuse d’un autre homme. Je n’arrivais pas à retrouver cette sensation de bonheur et cette sensation de n’avoir peur de rien et de vouloir le crier à tout le monde. J’attendais désormais trop de l’amour, j’attendais ce quelque chose impossible. Et puis, il y avait Elle. Elle compte bien plus que n’importe qui et je veux que la personne qui partage ma vie puisse accepter Solàra et être le père qu’elle n’a jamais eu. Je sais qu’il pourrait être cette personne mais je ne peux pas lui pardonner comme ça. Non, ça je ne le peux pas. En même temps, il ne me pardonnera jamais de lui avoir jamais dit pour sa fille. J’ai préférée me taire ce jour pour éviter de le voir rester pour un enfant. Et avec les années, je ne pensais à aucun moment qu’il allait revenir à Barcelone. Pour moi, il allait venir sa vie loin de l’Espagne. Mais voilà, il était là. Et l’apprendra un moment ou un autre. «Non je ne rigole pas, tu es la seule qui compte je n'ai eu aucunes autres relations longues depuis toi je n’arrivais pas à t'oublier. J'ai conscience que tu as grandie, que tu as mûri... Je ne suis pas revenu plus tôt car j'étais en plein dans mes études et je pense que j'étais trop jeune pour comprendre mes erreurs mais avec le recul je me dis que c'était lâche de t'abandonner. Qu'il y aurait pu y avoir d'autres moyens pour que nous puissions rester ensembles... Mais visiblement toi tu as fais ton deuil je suis désolé de tout le mal que je t'ai fais vraiment. Et je savais ou tu étais parce que j'ai fais des recherches en me réinstallant ici, sinon à l'époque j'ignorais ce que tu étais devenue... » sept longues pour prendre conscience de ça. Ainsi, je n’étais une erreur au début mais une solution parfaite. Je l’avais pourtant dit qu’il avait bien une solution pour qu’on reste ensemble. S’il m’aurait aimé tant qu’il le disait à l’époque, il aurait trouvé la solution et n’aurait fait en sorte que je le déteste en me disant que je n’avais été qu’une conquête. Il but finalement son verre de bière. Mais toujours il me regardait. Et moi, je me perdais dans le vert de ses yeux comme la première fois où mon cœur avait battu la chamade quand je l’avais vu. Quelques secondes qui avaient suffit pour que je tombe amoureuse de lui. Il avait fallut un accident de voiture et moi dans le coma pour qu’on vive notre relation. Une relation cachée. J’avais détesté la cacher mais je préférais ça que le perdre. Mais finalement, je l’avais perdu. l’amour, c’est peut-être comme une ombre. Quelqu’un le piétine et part avec. peut-être que trop de lumière, c’est dangereux pour l’amour, ou alors c’est le contraire, sans lumière, l’ombre d’un amour s’efface et finit par s’en aller. J’avais toujours trouver cette citation idiote mais enfin compte que peut-être que c’était ça. On s’aimait trop. «Si tu as réellement tourné la page je te laisserai mais si je sais qu'il reste une infime partie de toi qui m'aimes encore je ne te lâcherais plus, je ne veux plus être le lâche qui t'as lâché je veux me battre pour toi. Bref... Je pense qu'il vaut mieux que je te laisses travailler en paix.» Il sortit du bar me laissant là. Il disait qu’il allait se battre pour moi alors qu’il n’avait pas le courage de rester en face de moi. C’est vrai qu’il fallait que je travaille mais…

Retirant mon tablier, je le posais sur le comptoir. Je prenais la même porte de sortie qu’il avait pris quelques minutes plutôt. Il était encore là adosser à sa voiture. Il pleurait. Cela faisait deux fois que je le voyais de la sorte. Ce qu’il disait été peut-être vraiment la réalité. Il tenait à moi autant qu’il le disait. «Tu dis vouloir ne pas me lâcher. Alors pourquoi tu pars comme ça sans attendre que je sorte le moindre mot. » dis-je en m’approchant de lui en croisant mes bras sur ma poitrine. Je sortis un mouchoir de ma poche et le lui tendis. J’avais repris mon calme mais ce n’est pas pour autant que je pardonnais. Je vins me caller à côté de lui en gardant tout de même une certaine distance. « Tu crois vraiment que j’ai fait mon deuil. Ça fait sept ans pourtant c’est toujours à l’intérieur de moi. Je n’ai jamais pû guérir de l’amour que je te portais. Ça m’a peut-être rendu plus forte mais ce n’est pas le cas. Ce n’est qu’une image. Entre toi et la mort de mon père, j’ai fini dans une maison pour avoir une cure de désintoxication. » J’avais cru être guéri mais non. A la mort de mon père, la blessure s’était ré ouverte aussi facilement que de l’eau. Je m’étais perdu dans l’alcool. Je ne voulais pas qu’il s’en veuille de ça parce que je savais que c’était de ma faute et que je devais continuer à le voir ainsi pour ne pas retomber dans la facilité. « Ne va pas croire que je te dis ça pour te faire sentir coupable. Je veux que tu comprennes que c’était bien plus dur que ce que je laisse paraître. Je ne suis jamais retombé amoureuse et je ne le suis toujours pas. »

et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

J’étais sortit du bar en ne le disant à personne. Seulement, j’avais confiance en mes employés. Je leur avais laissé le bar des tonnes des fois et chaque fois, j’étais revenu fier d’eux. Pendant ma cure, ils sont sû maitriser chaque détail et le jour où je suis revenu, ils ont été magiques. Ils savent ce que j’ai traversé avec l’alcool et dès que je sens que ça ne va pas, je vais m’enfermer dans mon bureau. Et ça, ils le comprennent. Alors que j’aille à l’extérieur d’un seul coup, ça ne les dérangerait pas. Et en même, c’était même préférable qu’on est une discussion à l’abri des regards. Lui tendant un mouchoir il l’accepta. «Désolé j'avais besoin d'un bol d'air frai puis je comptais attendre que tu finisse ton boulot pour parler plus facilement.» il devait être vers vingt-trois et demi, un truc du genre. Et c’est moi qui fermais le bar en règle générale. Et c’était souvent vers les deux ou trois heures du matin. Je ne mettais jamais personne dehors et je restais ouvert le plus longtemps possible. C’est vrai que je ne dormais pas beaucoup car le matin, je devais amener Solàra à l’époque. Mais quelques heures de sommeil me suffisaient et puis en règle générale, j’allais me recoucher dès que j’avais fini ce que je voulais faire. Demain, je pourrais lever tranquillement puisque ma fille était chez une amie à elle. Ces temps-ci, c’était un peu tendu avec mon grand retour et puis elle grandissait. Elle avait sept ans, ce n’était pas rien. Un bol d’air frais, on ne pouvait dire qu’à Barcelone, on avait le droit à ça. Même en plein mois de février, les températures étaient bonnes. Un gilet suffisait à rester dehors. «C’est mon bar. Tu n’avais qu’à me dire que tu voulais discuter ailleurs, j’aurais compris. Je t’en veux peut-être mais je comprends tout de même certaines choses. » Je n’aurais peut-être pas dû parler de la cure de désintoxication. Ça avait été une mauvaise chose. Ce genre de choses, je préfère le garder pour moi. Surtout que je suis toujours dans un groupe d’alcooliques anonymes, et ça je préfère que personne ne le sache. Parce que j’ai honte de moi. J’ai honte d’avoir cette tentation de vouloir boire quand je vais mal. Mais en même temps, je suis ravie de ne pas avoir touché à une seule goutte d’alcool en l’espace de trois mois. Je tiens le coup et j’en suis fière. «Je suis désolé... Je t'ai abandonné et en plus je n'étais pas là quand tu en avais besoin du coup...» et voilà, il arriva le truc que je ne voulais pas. Qu’il pense que c’était de sa faute. Alejandro était là et il m’avait soutenu. Mais ça n’avait pas suffit, et Ezra n’aurait pas suffit non plus. Je crois qu’il était indispensable que je passe par cette phase. Parce qu’elle m’avait fait prendre conscience que je gardais trop de choses à l’intérieur et qu’il fallait que j’exprime ma douleur. Avec tout ça, je commence à faire des progrès. De fins progrès. Je n’arrive pas toujours à tout exprimer surtout quand c’est néfaste, et moi. Ennuyer les gens avec mes problèmes, je ne peux pas. Les autres en ont assez pour que j’évite de parler des miens. «Tu n’as pas à t’excuser pour ça. Je suis la seule fautive pour ça. Que tu es été là ou pas, rien n’aurait changé la chose. Personne ne pouvait rien y faire. »

«Si tu savais toutes les fois ou j'ai voulu revenir mais je me sentais tellement con et je pense que j'avais peur de me prendre une grande claque dans la gueule, je conçois que j'ai mis beaucoup de temps à revenir mais je pense sincèrement qu'il fallait que je mûrisse que je comprenne avec du recul pourquoi j'avais vraiment fait ça...» sa main vint se poser sur mon épaule. Je fus vraiment étrange d’avoir ce genre de gestes après tout ce qu’on avait vécu. En même temps, je ne voyais pas autre chose. Je pus sentir la chaleur de sa paume contre ma peau. Un léger frisson me parcourut. Des souvenirs revenaient. Le souvenir de notre première nuit ensemble. Mais aussi celui de la dernière. La dernière qui avait été la création de Solàra surement. Une dernière nuit que j’aurais dû encore plus profiter. Je me rappelle de ce moment sur la plage, rien que tous les deux avec ce coucher de soleil magnifique. Le sable s’engouffrant de partout même dans mes cheveux. on ne peut savoir quand arrive la fin sinon on profiterait à fond des derniers instants pour les rendre plus qu’inoubliable. «Regarde moi bien dans les yeux et tu verras que je ne t'ai pas mentis sur quoique se soit ce soir. Je tenais à ce que tu sache la vérité et pas rester sur un mensonge que j'ai dis. Je voulais que tu me haïsses pour passer plus vite à autre chose pour trouver le bonheur ailleurs mais je vois que je me suis moi-même voilé la face car pour moi c'set toi et personne d'autre... Seulement j'ai tout gâché..» Je ne sais pas vraiment combien de temps, il me faudrait pour lui pardonner, pour avoir totalement confiance en lui, pour ressentir exactement les mêmes choses qu’avant. Il voulait que je le haïsse, bien sûr que je l’avais haï. C’est ce que j’avais fait les premières heures dans la salle de bain. Mais après ce n’était plus ça mais un manque, une solitude. Je le voyais en rêve, je criais, je ne voulais pas sortir de ma chambre… j’ai fait tous les trucs qu’une fille fait lorsqu’elle perd l’amour de sa vie. « Oh que oui, je t’ai haïs pendant quelques heures. Mais après il y a eu la solitude engendrée par la douleur. Je n’ai jamais réussi à faire confiance à quelqu’un en amour. J’avais toujours peur de les entendre dire tes mots. Alors je les quittais avant de ressentir le moindre sentiment. » dis-je en enfilant mes mains dans les poches de mon jeans.

et un jour, on se réveille. on ouvre les yeux et plus rien n'est pareil. les gens changent, le temps passe.

«Je suis ravis que tu comprenne certaines choses que je t'ai dites mais cela n'enlèvera en rien le mal que je t'ai fait ou la lâcheté de ma part.. J'aurais du rester.» physiquement, on guérit d’une rupture. On n’arrive à redresser la tête, à prendre un nouveau départ, à stopper les larmes, à reprendre le gout de la nourriture… mais psychologiquement, on garde les traces constantes de ces blessures qu’on croyait disparu à tout jamais. Elles sont solides et dès qu’un geste, une odeur, un mot, surgit. On se rappelle de tout et on revoit le pire du pire, alors que le meilleur devrait pointer le bout de son nez en premier. On ne retient que la souffrance et non le bonheur. « J’arrive à comprendre certaines choses bien sûr. Mais ce que j’ai dû mal à comprendre, c’est pourquoi tu me disais que tu tenais à moi alors qu’en partant tu m’as mentit en me disant que notre histoire n’était rien. » dis-je pour savoir la vraie raison d’une telle situation. On n’a beau tenir à quelqu’un et vouloir le protéger, quand on l’aime, on ne prend pas la fuite, on ne s’éloigne de l’objet qu’on aime. Si je devais m’éloigner de Solàra ou d’Alejandro, je sais que j’en souffrirais comme j’avais souffert lorsqu’Ezra l’avait fait. L’amour est plus fort que tout. L’amour guérit, l’amour fait des miracles, l’amour change les choses. Je le pensais fort. Je le pensais. Je ne le pense plus. L’amour détruit, l’amour ravage, l’amour tue, l’amour blesse. L’amour est une catastrophe qui nous tombe dessus. Une catastrophe que l’être humain ne peut se passer dans sa vie. Car il a besoin de l’amour pour se sentir vivant. «J'aurais au moins pu essayer tout de même de te soutenir pour que tu ailles mieux, après peut-être qu'effectivement j'aurais été aussi inutile qu'un poteau mais j'aurais essayé...» sept ans. Sept longues années. Ça aurait pû bien plus court. Il aurait suffit d’une lettre, d’un coup de téléphone, d’un message… rien qu’un tout petit truc de lui pour qu’il me dise les choses. Pour qu’il me permette de me reconstruire. Parce que ma guérison n’a pas commencé et elle ne pouvait pas commencer tant que je ne savais pas certaines choses, tant que les réponses n’étaient pas arrivés jusqu’à moi. «Peut-être que les choses auraient été différentes. Peut-être. Personne ne le saura jamais puisque tu es partit sans donner la moindre nouvelle. »

J’aurais aimé pouvoir lui dire que j’étais mariée, que je vivais le grand amour juste pour qu’il ressente la douleur que j’avais ressentit, qu’il sente l’abandon dans ma voix. Que son cœur soit souffrant et détruit. J’aurais aimé le voir quelques secondes. Je ne suis pas assez méchante pour lui mentir et lui dire de fausses choses. la méchanceté n’est pas ma façon d’être. Pourtant beaucoup aurait eu la force de le faire, d’inverser les rôles juste pour voir. «Je... Je suis désolé de t'avoir atteinte de la sorte... J'ai bousillé ta vie..» je ne dirais pas qu’il avait bousillé ma vie puisqu’il m’avait donné le plus cadeau du monde sans le savoir. Il m’avait donné le soleil de ma vie, mon joyau, mon diamant, ma lumière. Il m’avait donné Solàra, mon ange. Elle était ce que j’avais de plus beau et c’est pour ça que son prénom ressemblait au soleil. Elle m’avait permise d’avancer plus vite et de pouvoir voir en elle, l’homme que j’avais aimé. Voir le bon côté de la chose. Mère à seize ans, c’est vrai que ce n’est pas facile. C’est vrai que les gens vous jugent quand votre ventre devient rond et que vous marchez dans les couloirs de l’école. J’ai affronté ces regards avec grandeur et avec bonheur. «Ce n’est pas juste ton départ, c’est une accumulation d’évènements qui a fait que j’ai craqué. » il voyait le pire des cas, les choses les plus horribles. Comme si tout devait être sa faute alors qu’il n’était qu’un pion qui avait fait balancer un peu la balance. Il m’avait fait mal, très mal. Mais si ça n’avait pas été lui, ça aurait été quelqu’un d’autre. les histoires d’amour ont souvent une fin difficile et on ne dérogeait pas à la règle. «Et merde ! Je crois qu'il aurait mieux fait que je te laisse guérir... Là je reviens pour encore ouvrir une plaie et je serai encore le salaud qui te pourris la vie...» il eu une réaction tout à fait primaire. Le genre de réaction que j’avais. Frapper dans un mur comme si ça pouvait faire du bien. Ce n’était pas le cas puisque c’était même le contraire, généralement. Je ne savais pas s’il saignait ou qu’il s’était fait mal au poignet. Non, je m’étais plus concentré sur les mots. Des mots que je n’aimais guère, voir pas du tout. « Ça que tu veux faire, raviver les souvenirs pour que je repense à cette douleur et me laisser en plan. J’ai bien eu raison de ne pas te le dire. » m’énervais-je en élevant la voix en plein milieu de la rue face à des passants qui se demandaient ce qui se passait. Je regardais avec des yeux noirs de colère sans vraiment me rendre compte que je venais de sortir une phrase qui n’aurait jamais dû sortir. Me retournant, je m’apprêtais à rentrer dans le bar. Il m’avait mise hors de moi avec ces propos.